par Pauline Barraud de Lagerie
Les notes de l’IES – n°28 – juin-juillet 2012
Que faut-il attendre de la « responsabilité sociale » que les grandes firmes occidentales entendent se donner lorsqu’elles sous-traitent une part de leur activité dans les pays du Sud ? Quelle relation salariale se noue lorsque que ce sont les firmes elles-mêmes, sous la pression de mouvements de consommateurs occidentaux davantage que des travailleurs concernés, qui assument la production des « règles » du travail et en assurent le contrôle ?
Dans sa note, Pauline Barraud de Lagerie revient sur la progressive mise en place de l’audit dit « social ». Elle donne à voir les pratiques et les résultats de ceux qui, à l’instar des réformateurs sociaux du 19e siècle, en appellent à la morale ou à la déontologie patronale pour assurer la protection des travailleurs du Sud. Il est certes difficile de ne pas être sceptique quant à la capacité de ces dispositifs à promouvoir un progrès pour les droits des travailleurs : ils répondent d’abord à des objectifs de communication, se fondent sur des formes de régulation privée qui marginalisent les autorités publiques et sont imposées « de loin » par des firmes occidentales aux acteurs locaux. Mais l’histoire du salariat montre aussi que nombre de « conquêtes sociales » résultent d’une réappropriation par les salariés d’initiatives patronales.