par John Krinsky
Les notes de l’IES – n°8 – novembre-décembre 2009
Apparus aux États-Unis dans les années 1970, les programmes de workfare, qui posent comme principe que les bénéficiaires de l’aide sociale doivent travailler pour toucher leur allocation, se sont largement diffusés par la suite. L’histoire de ces programmes et de leurs évolutions aux États-Unis montre que loin des visées de réinsertion que certains ont pu lui prêter, le workfare a servi, et continue de servir aujourd’hui, de tout autre objectif. D’abord en ce qu’il vise à restreindre le nombre d’allocataires de l’aide sociale ou au mieux à conditionner l’accès à celle-ci à un travail dévalorisé, ce qui en fait davantage un programme anti-assistance qu’un aménagement de celle-ci. Mais aussi en ce que le recours au travail des allocataires du workfare a largement participé aux entreprises de flexibilisation et de dégradation des conditions de travail du salariat américain. Loin de chercher à établir des passerelles entre le welfare et le salariat, le workfare attaque simultanément ces deux institutions de l’État social.