Par Rémy Caveng
Les notes de l’IES – n°15 – août-septembre 2010
On a pu, par le passé, considérer l’emploi stable comme un « compromis fordiste » dans lequel chaque partie de la relation salariale sacrifiait une partie de sa liberté contre une certaine sécurisation. À l’heure où de plus en plus de formes intermittentes d’emploi se développent, on peut se demander si le sacrifice inverse des sécurités attachées à l’emploi stable est « compensé » par davantage d’autonomie pour les salariés à l’emploi intermittent.
Pour Rémy Caveng, il n’en est rien.
En s’appuyant sur une enquête menée auprès des travailleurs des instituts de sondage, dont l’emploi est particulièrement instable, il montre que le « sentiment de liberté » souvent mis en avant par ces salariés occulte une réalité plus prosaïque : celle d’une condition salariale dégradée dans laquelle tout l’aléa économique est assumé par les seuls salariés qui doivent en permanence assurer les conditions de leur propre « employabilité ». Ce qu’il désigne sous le terme de « salariat libéral » correspond ainsi davantage à l’émergence d’une mise au travail fondée sur une auto‐exploitation qu’à un affranchissement des contraintes du travail subordonné.